St Thibaud de Marly, abbé († 1247)



Saint Thibaud de Marly
Abbé († 1247)

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hibaud, de l'illustre famille des Montmorency, était le fils aîné de Bouchard I de Marly et de Mathilde de Châteaufort, petite-fille du roi Louis VI. Aîné de trois garçons et d’une fille, Thibaud reçut une éducation toute militaire, quoique chrétienne. L'enfant manifesta, dès son plus jeune âge, une grande dévotion à la sainte Vierge qu’il honorait comme « sa bonne Mère et sa chère Maîtresse. » Il s'intéressait beaucoup aux monastères dont son père était un grand bienfaiteur : les Vaux-de-Cernay et Port-Royal. Il fit le métier des armes et fréquenta la cour.

Un jour que Thibaud allait lutter à un célèbre tournoi, il passa devant une église à l’heure où sonnait la messe ; il descendit de cheval, entra dans l'église et entendit la messe tout entière avec d'autant plus de dévotion, qu'on la célébrait en l'honneur de la sainte Vierge ; après la messe, il piqua vers ses compagnons, mais il fut bien surpris de les voir venir au-devant de lui, pour le complimenter de la victoire qu'il avait remportée dans les jeux. Il en témoigna d'abord quelque étonnement, mais reconnaissant aussitôt, à ce qu'ils disaient, que son bon ange avait pris sa figure et qu'il avait jouté en sa place, il ne s'en expliqua pas davantage. Se retirant alors dans l'église d'où il venait, après avoir rendu grâces à la Mère de Dieu d'une si insigne faveur, il fit vœu de quitter le monde et de renoncer à toutes les grandeurs et aux satisfactions que le siècle lui promettait.

C'est à l'abbé Thomas des Vaux-de-Cernay qu'il confia ses désirs de vie religieuse. Prudemment l'abbé conseilla au jeune homme de réfléchir en lui faisant remarquer que la vie d'un cistercien ne ressemblait guère à celle d'un riche chevalier. Mais Thibaud voulait justement embrasser la règle de Cîteaux à cause de ses austérités. Il entra aux Vaux-de-Cernay en 1226.
Les moines ne tardèrent pas à s'apercevoir de la sainteté de leur nouveau frère et, dès 1230, il fut nommé prieur par l'abbé Richard qui mourut en 1235.

Thibaud se signalait tout particulièrement par sa dévotion à la Vierge Marie à qui il rapportait la gloire de tout ce qu’il disait et faisait ; lorsqu’on écrivait les livres pour le chœur, il imposat qu’on écrivît toujours en lettres rouges son nom : « Nom suave de la bienheureuse Vierge, Nom béni, Nom vénérable, Nom ineffable, Nom aimable dans toute l'éternité. » Lorsqu’on lui reprocha d’avoir trop de dévotion à la Vierge Marie, il répondit : « Sachez que je n’aime la Sainte Vierge autant que je fais, que parce qu’elle est la Mère de mon Seigneur Jésus-Christ ; que si elle ne l’était point, je ne l'aimerais pas plus que les autres saintes vierges. Ainsi, c'est Jésus-Christ même que j’aime, que j'honore et que je révère en elle. »

Ses prières étaient si efficaces, qu'elles obtenaient de Dieu tout ce qu'il lui demandait. Un jour, un novice de son monastère, violemment tenté, voulait renoncer à la vie religieuse : le maître des novices n'oublia rien pour lui faire connaître que c'était un artifice du démon, mais ce fut inutilement. Thibaud l'alla trouver lui-même, et lui dit tout ce qu'un père peut dire à son enfant pour l'empêcher de se perdre, mais il ne gagna rien. Enfin, il le pria d'attendre au moins jusqu'au lendemain, pour exécuter sa funeste résolution, ce qu'il n'obtint qu'avec peine. Après les Complies, Thibaud se mit en prière pour lui ; il pria jusqu’au lendemain où l’on trouva le novice si changé, si confus de sa légèreté, si résolu de persévérer dans sa vocation, qu'il protesta qu'il ne sortirait pas pour tous les trésors du monde.

L'évêque de Paris, Guillaume d'Auvergne, se lia d'amitié avec lui et lui donna la direction spirituelle des moniales de Port-Royal. Celles de Notre-Dame-du-Trésor dans le Vexin lui furent confiées par le chapitre général de 1237. Il dut aussi gouverner l’abbaye d’hommes de Breuil-Benoît, fille des Vaux-de-Cernay.
Ayant entendu parler de la sainteté de l'abbé des Vaux-de-Cernay, saint Louis le fit mander à la cour. La reine Marguerite de Provence étant stérile, les souverains firent part au saint abbé de leur chagrin, et lui demandèrent de prier pour eux. Le 11 juillet 1240, la reine Marguerite mit au monde une fille, Blanche, qui mourut à trois ans mais eut de nombreux frères et sœurs. Les prières du saint abbé avaient été exaucées. Le roi et la reine témoignèrent à Thibaud leur reconnaissance, et, malgré son désintéressement, l'abbaye des Vaux-de-Cernay en profita.

S’il ne joua pas un rôle de premier plan dans l'ordre de Cîteaux, Thibaud reçut cependant plusieurs missions importantes : en 1236, il fut chargé de l'inspection du monastère de la Joie près Nemours ; en 1240 il composa un office pour la fête de la sainte Couronne d'épines qui, à la demande de saint Louis, sera célébrée dans toutes les abbayes du royaume.
En 1242 et 1243, il dut défendre les intérêts de l'ordre.

Thibaud, malade depuis quelques temps, meurt le 8 décembre 1247. Il fut enterré dans le chapitre avec ses prédécesseurs, et sur sa tombe les moines posèrent une simple dalle ornée d'une crosse et de cette courte inscription disposée en équerre sur le côté droit : « Hic jacet Theobaldus abbas » (Ci-gît l'abbé Thibaud).
Les pèlerins accoururent en foule ; la reine douairière, Marguerite de Provence, et son fils, le roi Philippe III le Hardi, vinrent plusieurs fois visiter le tombeau. Comme ils ne pouvaient entrer au chapitre voir la tombe du saint, on transféra ses restes en 1261 dans la chapelle de l'infirmerie.
Le 8 juillet 1270, après sa canonisation, ses reliques furent portées dans l'église et placées dans un sarcophage de pierre porté sur quatre colonnes. À la Révolution, l'abbaye fut supprimée et les reliques dispersées à l'exception d'une petite partie qui est actuellement conservée dans l'église de Cernay-la-Ville.

L'Église universelle le fête le 8 juillet, date de la translation des reliques, mais il est fêté le 8 décembre localement.



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